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dimanche 1 juillet 2018

Marie SIZUN « Le père de la petite »


« Le père de la petite », un livre sur lequel je suis tombée par hasard, et que j'ai aussi ouvert par hasard, désabusée par la lecture d'un autre roman. 153 pages de Marie Sizun, avalées d'une traite, sorties chez Arléa en 2005.

1944, la fin de la guerre approche à grand pas, à Paris, on sent poindre la libération. Une femme et sa petite vivent ensemble dans un deux pièces modeste. Un quotidien enchanteur pour la petite qui chante toute la journée, dessine sur les murs de l'appartement et idéalise sa maman. Une maman qui l'élève seule car son « petit papa » a été fait prisonnier de guerre. La maman pleure parfois, sa bouche se tord et la petite fille, France, 4 ans et demi, ne comprend pas bien ce qui se cache derrière ces larmes et ce désespoir. Et d'ailleurs c'est quoi un père ? Figure abstraite dont le portrait trône sur le buffet, cela n'est qu'un concept. Jusqu'au jour où le téléphone sonne : les prisonniers sont rapatriés, surtout ceux qui sont malades : le père arrive. Cet inconnu maigrichon reste quelque temps à l'hôpital puis reprend ses droits sous le toit familial : la petite doit s'effacer, la petite va se venger.

Roman assez particulier d'une relation fusionnelle entre une mère et sa fille où la mère va finalement se laisser phagocyter par le retour du conjoint, du patriarche, qui reprend ses droits et se met à régenter au carré la vie de famille. La petite France se soumet aussi, pleine de rancoeur, non contre son père mais contre sa mère qui l'a trahie et abandonnée. Sa vengeance sera implacable et aura des conséquences désastreuses.
La relation mère/fille n'est pas centrale : on retient surtout la relation du père, cet inconnu, et de son enfant, que l'on récupère alors qu'on ne l'a pas éduqué, pas vu grandir, et bien qu'il soit biologiquement une continuité de nous-même, lui aussi est un inconnu. Il faut s'apprivoiser et apprendre à s'aimer et cela passe par la douleur, le rejet, l'abandon, la résignation.

Ce court roman est un vrai moment de grâce, une jolie histoire d'amour filial sans verser dans le pathos et loin des clichés déjà surexploités, sur fond de Libération et de jazz.
Un premier roman fort réussi.


 (Emilia Sancti)


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