Adaptation
BD de la première partie du diptyque irlandais du nécessaire Sorj CHALANDON.
Tranche de vie d’un combattant de l’I.R.A. fortement impliqué, militant,
formant mêmes de nouveaux arrivants convaincus à se battre pour la cause, dont
le français Antoine (le double de CHALANDON), mais… un formateur traître à la
cause, indicateur, taupe pour les britanniques.
Tout
ceci est raconté dans le roman et par conséquent dans cette BD au ton juste, à
la fois pudique et brutale. Les dessins changent de couleur selon les époques,
les ambiances, les flashbacks, les lieux, les visages sont durs, creusés, comme
s’ils expliquaient à eux seuls une partie de la tragédie, ils transpirent la
fatigue, l’épuisement, un certain renoncement.
Montée
en courts chapitres se terminant tous par une page sobre tapée à la machine
contenant des extraits de l’interrogatoire de Tyrone Meehan, le fameux
« traître », cette BD est une immersion au sein de l’I.R.A. Le
scénario ne se limite pas à cette traîtrise, il est question bien sûr des
grèves de la faim funestes de Bobby SANDS, des combats sanglants, de l’I.R.A.
qui dépose les armes, une sorte d’historique express de l’organisation. Les
vignettes sont étirées comme si nous suivions l’action depuis un rétroviseur
intérieur de bagnole.
L’atmosphère
de CHALANDON me paraît parfaitement restituée, pas facile pourtant de
reproduire ce climat humide et froid d’êtres désillusionnés et désespérés, mais
la sobriété du trait donne une force supplémentaire au message. C’est une
manière originale de découvrir CHALANDON si vous êtes à ce jour resté.e.s sur
le quai, même si bien sûr, et je ne le répèterai jamais assez, il faut
évidemment se pencher sur les originaux pour mieux jauger les adaptations. Ici,
à partir d’un très bon livre, Pierre ALARY propose un rendu très convaincant
qui donne envie d’aller fouiller dans sa bibliothèque à la lettre C pour
extirper un certain auteur. Quant à la BD elle est sortie en 2018 chez les
éditions Rue de Sèvres. Nous espérons bien sûr une adaptation du second volet
du diptyque « Retour à Killybegs », ça aurait quand même de la
gueule.
(Warren BISMUTH)
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